À Rome, en juin 2025, s’est tenu un événement diplomatique majeur : un sommet réunissant plusieurs dirigeants africains, des représentants de l’Union européenne, ainsi que des acteurs clés de l’Organisation des Nations Unies et de la Banque centrale européenne. Cet événement, co-présidé par la Première ministre italienne Giorgia Meloni et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a consolidé la place de l’Italie comme un pivot central dans le dialogue euro-africain. Le Plan Mattei, initiative phare de cette rencontre, vise à redéfinir les relations entre l’Italie et le continent africain, proposant un partenariat innovant fondé sur une vision égalitaire. Ce sommet s’inscrit dans un contexte de rivalités stratégiques entre puissances européennes, dans un effort commun pour répondre aux défis migratoires, sécuritaires et économiques du continent africain. Le paysage géopolitique évolue rapidement, et les ambitions italiennes sont désormais au cœur des discussions qui pourraient transformer durablement la coopération euro-africaine.
Les fondements du Plan Mattei : une stratégie italienne renouvelée pour l’Afrique
Le Plan Mattei repose sur une volonté claire du gouvernement italien de développer une politique africaine cohérente, historicisée par le discours donné par Giorgia Meloni dès octobre 2022 lors de son investiture. Ce discours symbolisait une rupture avec les stratégies passées, posant les bases d’un partenariat fondé sur un mécanisme plus souple que rigide, afin de répondre aux enjeux actuels en Afrique. À la différence des approches européennes traditionnelles, souvent critiquées pour leur inefficacité et leur tendance paternaliste, l’Italie propose de mettre en œuvre une méthode pragmatique, centrée sur la co-construction des projets avec les nations africaines.
Parmi les cinq domaines ciblés dans le cadre de ce plan, on trouve :
- 🎓 Éducation et formation : facilitation de l’accès à des savoirs et à des compétences professionnelles adaptées à un marché du travail en pleine mutation.
- 🩺 Santé : renforcement des infrastructures sanitaires pour améliorer l’accès aux soins dans les régions les plus vulnérables.
- 🚰 Eau : soutien à la gestion durable des ressources hydriques afin de promouvoir un accès équitable à l’eau potable.
- 🌾 Agriculture : innovation et développement de pratiques agricoles durables pour assurer une sécurité alimentaire solide.
- ⚡ Énergie : promotion des énergies renouvelables pour accompagner la transition énergétique sur le continent.
Un cadre financier clair accompagne ces objectifs, avec un budget initial de 5,5 milliards d’euros réparti entre subventions, crédits et garanties. La Banque publique de développement Cassa Depositi e Prestiti (CDP), sous la supervision du ministère de l’Environnement, est un acteur central dans la gestion de ces fonds. Le Plan prévoit une coordination minutieuse assurée par un comité de pilotage rattaché au cabinet du Premier ministre, qui veille à l’alignement entre projets nationaux et initiatives européennes telles que le programme Global Gateway.
Les neuf projets pilotes déployés dans divers pays comme l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Kenya, représentent un terrain d’expérimentation essentiel. Ils servent à ajuster les actions et à garantir un effet concret sur le terrain, tout en testant une nouvelle approche de la coopération fondée sur un respect mutuel et une écoute attentive des besoins locaux.
| 🔑 Domaines clés | 🎯 Objectifs principaux | 🌍 Pays pilotes |
|---|---|---|
| Éducation et formation | Accès élargi aux compétences professionnelles | Kenya, Mozambique |
| Santé | Amélioration des soins et infrastructures sanitaires | Éthiopie, Tunisie |
| Eau | Gestion durable de l’eau potable | Maroc, Algérie |
| Agriculture | Sécurité alimentaire et durabilité | Côte d’Ivoire, RDC |
| Énergie | Développement des énergies renouvelables | Égypte, Maroc |
Ce cadre programmatique illustre un engagement ambitieux de l’Italie, qui vise non seulement à impulser une croissance durable sur le continent africain, mais aussi à réduire les flux migratoires en agissant directement à la source des inégalités. Il s’agit d’un projet qui s’appuie sur un large réseau incluant le Ministère des Affaires étrangères italien, l’Institut italien d’études internationales, et des partenariats clés avec la FAO et divers organismes des Nations Unies.
Contexte géopolitique et rivalités européennes au cœur du sommet italien
Le sommet organisé à Rome intègre une dimension stratégique profondément marquée par les rivalités au sein de l’Union européenne, notamment entre l’Italie et la France. Cette dernière, historiquement influente en Afrique, voit son rôle contesté par la montée en puissance de l’Italie qui revendique une approche alternative, moins intrusive et davantage axée sur la coparticipation et la modernisation des liens économiques et sociaux.
Le Plan Mattei, tout en s’alignant avec la stratégie européenne Global Gateway, joue un rôle de catalyseur dans une dynamique où l’Italie souhaite renforcer sa souveraineté et son influence politique sur le continent, faisant valoir non seulement ses intérêts énergétiques, incarnés par des acteurs économiques tels qu’ENI, Leonardo, et ENEL, mais aussi sa capacité unique à comprendre et s’adapter aux réalités africaines. Cette volonté s’inscrit dans une redistribution des forces impliquées, où la Banque centrale européenne et la Commission européenne observent attentivement cet éveil stratégique.
Les points centraux de cette confrontation se retrouvent dans :
- ⚔️ La compétition commerciale et énergétique entre la France et l’Italie sur des secteurs clés comme le gaz et les énergies renouvelables.
- 🤝 Le jeu diplomatique autour de la sécurisation du Sahel, où l’Italie détient désormais un rôle de premier plan, notamment au Niger, en concertation avec les forces européennes et internationales.
- 🌐 Les alliances stratégiques renforcées avec d’autres pays du Golfe et des grandes puissances, contribuant à un équilibre fragile dans la politique africaine.
L’Union européenne dans son ensemble, par la voix de ses institutions, souligne son soutien à cette initiative italienne, saluant la convergence entre Plan Mattei et Global Gateway. Ursula von der Leyen, à la tête de la Commission européenne, a rappelé durant le sommet l’importance d’une coopération renouvelée qui « bâtit des ponts pour une croissance commune », en soulignant l’enjeu des bénéfices durables pour les populations locales et la stabilité régionale.
| 🌍 Acteurs clés | 📌 Rôle stratégique | 🚩 Zones d’influence |
|---|---|---|
| Italie (Gouvernement, ENI, Leonardo) | Promotion du Plan Mattei et sécurisation énergétique | Maghreb, Sahel, Afrique subsaharienne |
| France | Maintien de l’influence historique, surtout militaire | Afrique de l’Ouest, Sahel |
| Union européenne (Commission, Conseil européen) | Facilitateurs financiers et politiques | Afrique entière |
| Pays du Golfe | Partenaires en investissements | Sud et est de l’Afrique |
Implications économiques et opportunités pour le partenariat italo-africain
L’un des aspects majeurs du sommet porte sur le rôle clef que joue l’Afrique dans la stratégie économique italienne à l’horizon 2025. Le continent représente à la fois un débouché commercial et une source d’approvisionnement énergétique essentielle, notamment avec la dépendance actuelle de l’Italie au gaz d’Algérie et de Libye. Cependant, les importations énergétiques affichent un déséquilibre commercial important, laissant ouvertes des marges de progression dans les exportations.
Pour s’attaquer à cette problématique, le Plan Mattei met l’accent sur :
- 📈 Le développement des exportations italiennes vers des marchés africains émergents, où la demande de biens industriels, alimentaires et technologiques croît rapidement.
- 🌱 L’investissement dans les énergies renouvelables à travers des acteurs nationaux tels qu’ENEL, afin d’accompagner la transition énergétique africaine.
- 🏭 Le soutien aux petites et moyennes entreprises italiennes pour diversifier les partenariats commerciaux et promouvoir des chaînes de production durables.
- 🚜 Le renforcement des secteurs agricoles par la diffusion de techniques modernes, assurant la sécurité alimentaire et la valorisation des filières locales.
Outre les aspects commerciaux, le Plan contribue à la stabilisation économique et à la croissance durable, en offrant des solutions concrètes pour permettre aux populations locales de choisir de rester dans leur pays, renforçant ainsi le « droit de ne pas migrer ». Cette approche ambitionne de changer la logique du déplacement massif en encourageant un développement inclusif fondé sur la coopération scientifique, technologique et de formation.
Pour approfondir la compréhension des régions italiennes qui s’inscrivent dans ce contexte, il est utile de consulter des itinéraires incontournables tels que ceux proposés pour découvrir la côte italienne en voiture ou encore les escapades en Sicile et Italie du Sud. Ces régions, bien que touristiques, sont également des pôles économiques qui profitent indirectement du développement renforcé par les investissements internationaux incluant ceux liés au Plan Mattei.
Les défis du Plan Mattei : critiques, mise en œuvre et perspectives
Malgré ses promesses, le Plan Mattei fait face à plusieurs défis majeurs. Tout d’abord, la critique européenne et africaine souligne l’absence d’une stratégie claire et d’un calendrier détaillé concernant la mise en œuvre des projets. La complexité de la coordination entre les nombreuses parties prenantes, notamment entre le Cabinet du Premier ministre, les ministères concernés, la CDP, et les agences ministérielles, engendre une fragmentation des actions et un manque de visibilité globale.
Les points critiques peuvent être résumés ainsi :
- ⏳ Manque de transparence sur le suivi et l’évaluation des projets pilotes.
- 💸 Incertaines ressources financières pour la réalisation complète des investissements planifiés.
- ⚠️ Risques de favoritisme et d’influence disproportionnée de certains acteurs industriels ou politiques.
- 🗣️ Perception mitigée des partenaires africains, certains dénonçant une consultation insuffisante malgré l’annonce d’un partenariat égalitaire.
Ces critiques s’accompagnent de doutes exprimés sur la capacité réelle du plan à répondre efficacement aux urgences migratoires, notamment avec la complexité du front sécuritaire au Sahel. L’initiative italienne est aussi scrutée à l’aune de son impact environnemental, avec la question centrale du choix entre projets énergétiques traditionnels et renouvelables.
Quelques éléments d’espoir accompagnent cependant ces controverses, la participation active de la société civile africaine ainsi que des organisations italiennes à caractère religieux comme la Communauté de Sant’Egidio, qui jouent un rôle diplomatique parallèle en apportant un soutien complémentaire dans la médiation et la paix sociale. Ce réseau renforce la dimension humaine du projet et contribue à sa crédibilité sur le terrain.
| 🔍 Critiques principales | 🔧 Solutions envisagées |
|---|---|
| Manque de coordination claire | Création d’une plateforme de pilotage consolidée intégrant tous les acteurs |
| Absence de transparence financière | Mise en place d’un système de traçabilité rigoureux et audits réguliers |
| Perception de consultations insuffisantes | Renforcement des dialogues bilatéraux avec les gouvernements africains et ONG locales |
| Risques environnementaux liés aux choix énergétiques | Priorisation renforcée des projets d’énergies renouvelables avec contrôle d’impact |
Perspectives à long terme : vers un partenariat durable entre l’Italie et l’Afrique
Alors que le sommet de Rome a cristallisé les ambitions de l’Italie pour renforcer ses liens avec l’Afrique, plusieurs enjeux restent à relever pour assurer la pérennité de cette coopération. La réussite du Plan Mattei dépendra largement de sa capacité à s’adapter aux réalités politiques, économiques et sociales du continent tout en maintenant une coordination étroite avec l’Union européenne et les partenaires internationaux.
Les axes prioritaires pour pérenniser ce partenariat consistent notamment à :
- 🔄 Institutionnaliser une gouvernance partagée entre les différentes parties prenantes pour garantir un suivi continu et concerté des projets.
- 🌱 Renforcer l’intégration régionale africaine pour accroître l’impact des initiatives sur plusieurs pays voisins.
- 📊 Capitaliser sur les résultats obtenus dans les projets pilotes pour étendre leur portée de manière cohérente et mesurable.
- 🤝 Consolider les liens avec la société civile et les acteurs privés afin de multiplier les synergies et d’instaurer un climat de confiance.
- 🧭 Valoriser la diplomatie culturelle comme un levier d’influence positive, s’appuyant sur les racines historiques et la présence notable italienne dans certains pays africains.
Il est également essentiel d’évaluer les interactions entre cette politique africaine italienne et les vastes programmes européens, notamment ceux pilotés par la Commission européenne et le Conseil européen, afin d’éviter les doublons et de maximiser les ressources disponibles. La vision à moyen terme s’inscrit donc dans une démarche collaborative et multilatérale.
Enfin, pour les passionnés d’Italie, qu’ils souhaitent explorer ce pays dans un contexte personnel ou professionnel, il est conseillé de consulter des ressources pour préparer un séjour optimal, telles que les guides sur les activités en Italie en novembre, ou encore les itinéraires pour découvrir les Cinque Terre pour une immersion culturelle entre tradition et modernité.
